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PRINTEMPS - PÂQUES - OEUFS

PRINTEMPS, PÂQUES…OEUFS

oeufs

Le symbolisme de l’oeuf

L’ouf est l’objet qui cache en soi la vie même. Ce qui explique que, d’un bout à l’autre du globe, l’ouf ait été considéré comme le symbole de l’univers, de la vie, du renouveau, de la résurrection dans tous les mythes, toutes les légendes et toutes les traditions des différents peuples.

Par exemple, dans le Kalevala, poème épique légendaire de la littérature finlandaise, la genèse du monde est racontée ainsi :

Lorsque la fille de l’air porta dans son sein Väinämöinen le créateur du monde et dans sa douleur appela à l’aide le dieu Ukko, arriva alors un canard plongeur qui ne trouvait nulle part un endroit adéquat pour faire son nid. Alors il posa sur les genoux de la fille qui émergeaient de la mer six œufs en or et un septième oeuf en fer (on attribuait jadis au fer des forces magiques). Les œufs tombèrent dans la mer, se cassèrent et les morceaux devinrent le monde

Oeufs Decores 3 sort

La partie basse de l’œuf

est devenue la terre inférieure

la partie haute de l’œuf

est devenue le ciel supérieur

la partie supérieure du jaune

se transforma en soleil brillant

la partie supérieure du blanc

se transforma en lune pâle

ce qui est bariolé dans l’œuf

en étoiles dans le ciel

ce qui est tâche noire

en nuage dans le ciel.

Il n’est donc pas surprenant que les finno-ougriens, ancêtres des finlandais et des hongrois, aient donné, il y a 5000 ans déjà, une forme ovoïde à leurs poteries et les aient décorées avec des oiseaux nageurs. Ces poteries en formes d’œufs, tout comme les paroles du Kalevala, ont ainsi gardé jusqu’à nos jours les mythes des peuples finno-ougriens.

Il est intéressant de noter que dans le mythe du Kalevala (de même que chez les hindous), l’œuf est divisé : c’est peut-être ici qu’on doit chercher l’origine des traits de répartition si fréquents sur les oeufs décorés hongrois.

Les oeufs de Pâques

Pourquoi l’œuf est-il devenu indissociable de la fête chrétienne de Pâques?

D’abord, les païens célébraient le Nouvel An au printemps où la nature renaît et le soleil revient. Ces coutumes païennes n’ont pas disparu avec la christianisation. Elles ont subis beaucoup d’influence au fil des siècles et se sont transformées. La Christianisation n’a pas toujours été pacifique, notamment pour les hongrois à qui elle a été imposée par leur roi fondateur Saint-Etienne, couronné en l’an mil par le pape. Les interdits ont été contournés en continuant à pratiquer les coutumes des ancêtres sous une autre forme....

Ainsi la religion catholique a repris l’œuf, symbole de vie, comme le symbole de la résurrection du Christ.

Une légende raconte que, peu après l’ascension de Jésus, Marie-Madeleine se rendit à Rome et se présenta devant l’empereur Tibérius. Elle lui tendit un œuf rouge en disant : le Christ est ressuscité ! et continua en prêchant les paroles du Christ.

On dit que les premiers chrétiens ont imité le geste de Marie-Madeleine et lors de la fête célébrant la résurrection de Jésus, ils s’offraient mutuellement des oeufs rouges.

L’utilisation de la couleur rouge est une pratique magique bien antérieure â la religion chrétienne. Au néolithique déjà, les gens ont colorés leurs morts avec une terre colorante rouge pour leur assurer la vie « au-delà ».

Le rouge chasse le rouge... Donc il est censé protéger contre la blessure, la maladie, le feu.

C’est la raison pour laquelle nos ancêtres nouaient un ruban rouge autour de la cheville ou du cou de leurs enfants, mais aussi de leurs poulains ou leurs agneaux.

Les coutumes liées à Pâques sont fort nombreuses: nettoyage de printemps, entretien des tombes, se laver dans l’eau courante de la rivière le vendredi saint.... Même les chevaux y étaient souvent amenés pour leur assurer force et santé. La maison, le repas, les oeufs étaient bénis.

Samedi était le jour de préparation des oeufs décorés. Les plus simples étaient destinés au repas du dimanche : jambon à l’os et oeufs durs, mais on ne jetait jamais les morceaux de coquille restants, on les enterrait aux quatre coins du vignoble ou bien on les donnait aux animaux.

Les oeufs qui étaient le plus joliment décorés étaient offerts en cadeau, en gage d’amitié, d’amour ou de sympathie le lundi de Pâques, jour de ‘l’arrosage’, une tradition ancestrale encore vivace aujourd’hui.

Arroser les filles? Quelle idée bizarre !... Ce jour-là, la tradition voulait que les garçons fassent le tour des familles ayant des filles, et ces visites étaient très attendues des jeunes filles. De bon matin, les garçons venaient, en groupe le plus souvent, frapper à la porte des maisons des jeunes filles et les invitaient- en récitant quelques vers - à sortir dans la cour où ils les arrosaient avec des seaux d’eau fraîche tirée au puits :

 

locsolas

Dans la verte forêt

Je me suis promené

Une violette, j’ai trouvé

Qui allait se faner

Puis-je l’arroser ?’

Quelle humiliation, quel déshonneur pour celles qui n’étaient pas arrosées !

Cette coutume permettait aux jeunes hommes de prendre contact avec les familles des filles, tandis que ces dernières pouvaient exprimer leurs préférences par l’accueil qu’elles leur réservaient et les oeufs qu’elles leur offraient en cadeau.

Les garçons pouvaient alors évaluer, en fonction des cadeaux reçus, leurs chances d’être agréés par l’élue de leur cœur.

Actuellement, la coutume existe encore en ville aussi où les dames  et les jeunes filles sont arrosées avec des eaux de parfum.

Cette échange arrosage-offrande d’œufs a une signification profonde et correspond à un rite ancien accompagnant le commencement de la nouvelle année. Il s’agit d’un rituel magique.

Ceux qui arrosent les filles leur souhaitent beauté et santé et l’œuf offert par les filles était en quelque sorte un talisman, une amulette censée apporter force et protection. Comment ne pas penser aux échanges de souhaits de bonne année aujourd’hui très banalisés?

D’où vient la force magique des oeufs décorés?

Dans la langue ancienne on ne disait pas œufs décorés, mais œufs ‘écrits’. En effet, l’ornementation des oeufs n’était pas gratuite, à seule fin esthétique. Les oeufs recelaient une force magique qu’ils devaient non seulement à leur couleur, mais aux signes et motifs totémiques qui les recouvraient, ci destinés à conjurer l’éclair, le feu, les blessures et autres maux. Ces signes étaient souvent des formes géométriques : par ex. étoile (fig. 1a), ou des parties d’un animal (fig. 2a) ou d’un homme main, bras, oeil... Au fil de l’histoire, ces motifs ont évolué, se sont stylisés et transformés en motifs floraux. Et si leur signification originelle s’est perdue, l’héritage continue néanmoins de se perpétuer de génération en génération. fig : 1b, 1c, 2b, 2c.). On retrouve d‘ailleurs aussi des motifs de ce type dans les broderies hongroises.

Oeufs decores

 

La préparation des oeufs

Mais comment se préparent-ils ces fameux oeufs de Pâques?

Il existe plusieurs procédés : par exemple avec des feuilles de plantes, des fleurs, du papier... ou, plus récemment, au pinceau. Mais en Hongrie, c’est par l’écriture à la cire ou par le grattage que sont réalisés les motifs traditionnels les plus anciens.

Les principes de ces méthodes sont relativement simples ; l’écriture à la cire nécessite l’emploi d’un petit outil appelé kitska (en hongrois : gicza), de la cire et de la teinture, naturelle (plantes) ou chimique. Quant au procédé de grattage, il consiste à graver des motifs en grattant à la plume ou au cutter des coquilles préalablement teintées.